Le 19 mai 2025 marque le centenaire de la naissance de Malcolm X, figure emblématique de la lutte contre l’injustice, le racisme et pour les droits de l’homme aux États-Unis, et icône mondiale de la résistance afro-américaine. Un siècle après sa venue au monde à Omaha, Nebraska, son message demeure d’une actualité brûlante. Ce centenaire est l’occasion de revisiter son héritage, de mesurer l’impact de ses idées, et de réfléchir à la manière dont elles résonnent encore aujourd’hui. La vérité, la justesse et l’actualité de son message
100 ans après : que reste-t-il à faire ?
Ce centenaire n’est pas seulement un moment de commémoration. Il est aussi une invitation à l’action. Dans un monde toujours traversé par les inégalités raciales, les violences policières, et les discriminations systémiques, le combat de Malcolm X reste plus que jamais d’actualité.
Force est de constater que sa lucidité, son courage et son exigence de justice continuent de nourrir les luttes contemporaines. Honorer Malcolm X aujourd’hui, c’est refuser l’impérialisme sous toutes ses formes, c’est refuser l’injustice, et c’est croire à une possibilité de vivre dans un monde en paix, juste où toutes et tous ont des chances égales.
Le parcours de Malcolm X, de prisonnier à leader mondial, est une transformation profonde, autant personnelle que politique.
1. L’entrée en prison : un point de rupture
En 1946, à l’âge de 20 ans, Malcolm Little est arrêté pour vol à main armée et cambriolage. Il est condamné à 10 ans de prison, dont il purge environ 6 ans à la prison de Charlestown, dans le Massachusetts. Ce séjour en prison devient le tournant majeur de sa vie.
2. La rencontre avec la connaissance
C’est en prison qu’il découvre la lecture. Il commence par lire frénétiquement, parfois jusqu’à quinze heures par jour. Il dévore des ouvrages d’histoire, de philosophie, de religion, et surtout sur la condition des afro-américains.
À travers les livres, il prend conscience du racisme structurel, du colonialisme, et de l’histoire des afro-américains — autant de vérités qui lui avaient été cachées jusque-là.
3. L’adhésion à la Nation de Islam (NOI)
Son frère lui écrit depuis l’extérieur pour lui parler de la Nation de l’Islam (NOI), dirigée par Elijah Muhammad. Il correspond avec lui depuis sa cellule.
Malcolm X disait de son mentor et guide spirituel:
« Elijah Muhammad m’a ouvert les yeux. C’est lui qui m’a redonné ma dignité. »
Elijah Muhammad lui a inculqué une discipline religieuse stricte : alimentation, hygiène, sobriété, et respect des règles.
Cette discipline a transformé Malcolm en orateur incontesté, structuré et profondément engagé.
4. L’ascension comme leader
À sa libération en 1952, Malcolm devient rapidement l’un des orateurs les plus puissants de la Nation de l’Islam. Il fonde de nombreuses mosquées, donne des interviews percutantes, et attire des milliers de fidèles, y compris dans le monde sportif, artistique et intellectuel.
Malcolm X a été suspendu de la Nation de Islam en décembre 1963, officiellement pour avoir commenté publiquement l’assassinat du président John F. Kennedy.
Le 22 novembre 1963, le président Kennedy est assassiné à Dallas. La Nation de l’Islam demande à ses membres de ne faire aucun commentaire public, en particulier à Malcolm X, devenu très médiatisé.
Mais quelques semaines plus tard, lors d’une conférence à New York, Malcolm déclare :
« Les poules sont rentrés au poulailler. »
Cette expression, dans le contexte, signifie que la violence que les États-Unis pratiquent à l’étranger et contre les afro-américains chez eux revient se retourner contre eux-mêmes — une façon de dire que le pays récolte ce qu’il sème.
Un officier de police de la ville de New York a dit à propos de Malcolm X, lors d’une manifestation: «Aucun homme ne doit avoir un tel pouvoir!»
Leader international
En 1964, il fait un pèlerinage à La Mecque, Il se fait honneur du titre de El-Hajj Malik El-Shabazz . il adopte une vision plus internationale de la lutte contre l’oppression. et fonde l’Organisation de l’unité afro-américaine. Il cherche alors à internationaliser la cause des Afro-Américains et à la lier aux luttes du tiers-monde, voyant dans le colonialisme et le racisme les deux faces d’une même pièce.
Malcolm, de plus en plus conscient de l’ampleur du racisme systémique, voulait s’allier à des causes plus larges, comme le mouvement panafricain, et dénoncer l’Amérique sur la scène internationale.
En mars 1964, Malcolm X quitte officiellement la Nation de Islam. Il fonde alors Muslim Mosque Inc., puis l’Organisation de l’unité afro-américaine, affirmant sa volonté de combiner spiritualité, conscience politique et lutte internationale contre le racisme, en particulier, et l’impérialisme en général.
Il devenait une voix libre et non-alignée, impossible à récupérer par le pouvoir.
Héritage vivant
Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965, à l’âge de 39 ans, alors qu’il s’apprêtait à prononcer un discours à l’Audubon Ballroom à New York. Il a été tué de plusieurs balles tirées par trois hommes armés, devant sa femme et ses filles. Malcolm X n’a pas eu le temps de voir la pleine portée de ses idées. Pourtant, son influence dépasse largement son époque. Des Black Panthers à Black Lives Matter, en passant par la culture hip-hop et les mouvements antiracistes contemporains, son image et ses paroles continuent d’inspirer.
Conclusion
L’autobiographie, de Malcolm X, dictée à Alex Haley, est aujourd’hui encore une lecture incontournable, traduite dans des dizaines de langues, étudiée dans les écoles, et vénérée comme un manifeste de dignité et de liberté. Malcolm X a donné une voix aux opprimés, affirmant que la liberté ne se demande pas : elle se prend.
Citations de Malcolm X, qui reflètent la puissance de sa pensée et la richesse de son héritage :
- « Nous devons être pacifiques et respecter les lois – mais le moment est venu, pour le Noir américain, de recourir à l’autodéfense chaque fois qu’il est victime d’une agression injuste et illégale. » 3 avril 1964: discours de Malcolm X, Le bulletin ou la balle.
- « Nous revendiquons notre droit, ici sur cette terre… d’être des êtres humains, d’être respectés comme des êtres humains, de recevoir les droits des êtres humains… par tous les moyens nécessaires. »
- « Une des premières choses, selon moi, que vous, les jeunes, surtout aujourd’hui, devriez apprendre, se résume de cette façon: comment regarder par vous-mêmes, écouter par vous-mêmes, penser par vous-mêmes. C’est ainsi que vous pourrez prendre une décision intelligente par vous-mêmes. » Malcolm X, 1er janvier 1965.